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Serge Amabile, Régis Meissonier, Coralie Haller, Stéphane Boudrandi
Systèmes d'Information et Management, 2012, vol. 17, n°3, pp. 111-142
La plupart des recherches sur la veille stratégique se sont concentrées sur l'interprétation de signaux faibles, ou sur les problèmes de surabondance
signalétique, en laissant en arrière plan les usages des différents dispositifs de collecte d'information mobilisés à cet effet. Ceci tend à négliger le fait
que la veille stratégique est souvent issue de plusieurs processus (formels et informels) auxquels les acteurs vont, en amont, accorder un niveau d'attention
différent. Cet article se fonde sur le modèle de l'ACAP pour discriminer les mécanismes d'absorption d'informations stratégiques au sein d'une filière
économique. La méthodologie de recherche qualitative retenue a été éprouvée, en particulier, par 20 entretiens semi-directifs effectués auprès d'autant de
domaines vitivinicoles de la filière des vins de Provence. Les résultats révèlent que ces derniers accordent peu d'attention aux informations provenant de ces
organismes de coordination. En revanche, ils privilégient les informations collectées, dans le cadre de leurs activités courantes, au gré des relations
formelles comme informelles entretenues avec d'autres entreprises membres de la filière. La partie discussion permet d'enrichir le modèle de l'ACAP en
montrant notamment, que la capacité d'absorption potentielle des informations est plus le fait de "l'expérience" des entreprises et
de la "similarité" avec les acteurs de leur environnement (fournisseurs, clients, concurrents, etc.) que celui des "mécanismes
d'intégration sociale" mis en place par les organismes de coordination. En termes de contributions managériales, notre étude permet de préciser les
concepts de similarité et d'expérience en y intégrant les notions d'appartenance territoriale et de proximité géographique qui apparaissent comme des soutiens
à la capacité d'absorption des informations des entreprises.
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